La logique de ce compte-rendu :
- Une interpellation fondamentale: penser un nouveau système viable.
- L’intention : poser progressivement des points de constats communs pour arriver à des visions partagées.
- Le point de départ : partir d’un constat au niveau global.
1ére PARTIE : Caractériser l’état de notre planète
Dans une société qui a l’habitude de tout mesurer, ce tableau illustre le plus simplement possible que la pression de l’humanité est devenue trop importante vis-à-vis de la planète.
Sur les 9 grands systèmes qui composent notre planète, 6 sont déjà franchis :
- Changement climatique
- Disponibilité de l’eau douce / potable
- L’intégrité de la biodiversité (espèces, habitats, etc.)
- La qualité des sols
- Le niveau de présence de nouvelles entités dans la biosphère (substances polluantes, chimiques, etc.)
- La perturbation des cycles d’azote /de phosphore
- L’ozone stratosphérique
- L’acidification des océans
- Les aérosols dans l’atmosphère
* L’intensité du dépassement peut nous donner un signal sur la rapidité avec laquelle on risque de subir les conséquences de cette dégradation.
* Le niveau de la dégradation de la biodiversité peut-il nous entrainer vers une crise alimentaire à grande échelle ?
Un bon point de départ pour parler de transition écologique en prenant en compte tout le système : Adopter une approche systémique plutôt que sectorielle.
Quelques interpellations ou points de vigilance à retenir :
Partant du constat que l’humanité exerce une pression sur les écosystèmes qui excède la capacité de préservation et de renouvellement de ces écosystèmes, comment réduit-on cette pression ?
Comment être sur quelque chose de régénératif, circulaire, dans le réemploi de ressources déjà utilisées ?
Comment peut-on aller vers une économie de la sobriété qui permet la régénération des systèmes naturels ?
Comment concilier ces actions avec les questions sociales (les mécanismes d’exclusion des plus faibles par la montée des prix, etc.) ?
La théorie du Donut :
Du point de vue des ressources environnementales et des grandes limites planétaires, il faudrait réduire nos actions pour réussir à préserver nos écosystèmes.
Et en même temps il faut tout de même mobiliser une partie de ces ressources pour répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité.
Il s’agirait de réduire nos pressions exercées sur la planète tout en s’assurant que l’on permet à tout le monde d’accéder à un minimum de confort et de ressources pour garantir un planché social, pour que tous puissent vivre dignement.
Cela pose des questions de redistribution des ressources, de partage et de solidarité.
Le donut permet aussi d’illustrer un enjeu majeur. En regardant le centre on voit se dessiner une sorte de plancher social pour une vie acceptable qui respecte le plafond de ressources communes à ne dépasser. Le donut introduit de fait la notion de solidarité à réactiver ou développer pour une prise en considération des besoins raisonnés de l’humanité et des limites de la planète.
Il en ressort une interrogation :
Comment aller vers une société de la considération qui porte attention à la fois aux ressources environnementales à préserver et au « bien-être » des humains ?
2éme PARTIE : Et en Bretagne ?
Ayant posé le cadre général, Benjamin Grebot va ramener ce risque de blocage humain face aux effets de ce dépassement des ressources disponibles à l‘échelle de notre région. Malgré un bon niveau de dialogue dans une société bretonne homogène, l’actualité monte combien on peut opposer les enjeux écologiques, économiques et sociaux pour geler les changements et assurer la continuité des habitudes.
Pour montrer que ces changements ont bien des effets tangibles et mesurables chez nous aussi, Benjamin Grebot nous montrera la courbe de montée des anomalies de températures mesurées à l’aéroport de Guipavas depuis 1959. Nous aborderons aussi le décalage et les risques de confusion qui peuvent apparaitre entre l’origine bretonne des émissions de CO² et l’empreinte carbone de notre présence et activités : « un biais peu évident » pour la plupart d’entre nous.
3éme PARTIE : Quelles réponses politiques face aux enjeux écologiques ?
L’agenda politique est principalement porté par l’Union Européenne, dont voici quelques grands objectifs :
- Bon état de conservation des espèces et des habitats d’espèces (Natura 2000)
- Bon état des eaux continentales, littorales et marines (Directive cadre sur l’eau et sur les milieux marins),
De plus, nous sommes soumis à une triple contrainte particulièrement dure :
- Neutralité Carbone en 2050
- Zéro artificialisation nette (ZAN) des sols en 2050 (divisé par 2 entre 2021 et 2031, puis jusqu’à 0 sur les décennies suivantes)
- Repli stratégique face à l’érosion de trait de côte
« En conséquence, comment pivoter ? »
Les objectifs sont dans la loi. Le risque de démobilisation des acteurs économiques est réel. Des objectifs ont l’air intenable si nous ne changeons pas drastiquement nos modes de vie et de production. Nous sommes encore trop dans la juxtaposition d’objectifs sectoriels que nous croyons pouvoir intégrer progressivement au « business as usual ».
Ce qui fait réagir un participant : « Le problème est que les objectifs qui sont évoqués ne sont basés que sur les émissions. Or l’objectif de neutralité 2050 est basé sur un solde net (émission-stockage). L’agriculture est sans doute le seul secteur qui peut stocker. » Il faudrait donc en tenir compte.
Cette interpellation, comme le défi global sont effectivement de nature systémique. Pour Benjamin Grebot cela implique l’émergence d’un projet culturel, voire civilisationnel de rupture (l’exemple du transport, de l’aliment, de la gestion des territoires, de nos modes de vie, etc.).
L’apport de la prospective :
La prospective est une anticipation pour éclairer l’action présente à la lumière des futurs possibles et souhaitables.
Deux temps principaux :
- L’anticipation par la formalisation des changements possibles
- L’élaboration et l’évaluation des choix stratégiques
La prospective suppose :
- Une prise de recul par rapport aux événements (voir loin, voir large, analyser en profondeur)
- L’imagination, en complément de la raison.
- L’enthousiasme, la prise de risque, le courage.
- L’esprit d’équipe, la pluridisciplinarité, pour voir ensemble.
- Le sens de l’humain, de la responsabilité, du commun
Le débat fera apparaitre de multiples interrogations :
La pertinence des chiffres utilisés, concernant particulièrement le calcul des empreintes carbone des produits agricoles à revoir selon leur valeur en termes d’apports en protéines et non pas leur poids brut.
Sur l’évolution de l’habitat issu des modes de vie et de travail issus des 30 glorieuses qui a amplifié la consommation de foncier.
L’évolution des emplois en tenant compte de tendances démographiques inquiétantes.
L’émergence d’une agriculture régénérative favorisant le stockage de carbone, doit-elle passer par la baisse du cheptel, la réduction des cultures ? Alors que, notamment, le maïs a un effet reconnu dans le stockage du carbone ?
En guise de conclusion :
Des questions qui nous bousculent, dans notre intimité autant que dans notre culture, aux plans philosophique et politique autant qu’au plan pratique.
Quelle est le niveau de vie souhaitable ? Le premier réflexe que nous avons tous est d’essayer de continuer à vivre comme aujourd’hui tout en répondant aux grands objectifs posés plus haut. Benjamin Grebot répétera son message essentiel : « esquiver n’est pas une solution quand on n’a de réponses aux questions posées. Osons nous interroger ».
Pour lui, ce défi nous concerne au premier chef comme acteurs de l’économie « car en situation de crise, la protection des humains passera avant les activités ».
« Une grande bascule n’est envisageable qu’à condition de voir émerger des critères nouveaux pour un écosystème nouveau… Un tel scénario n’est envisageable que dans le cadre d’un mouvement collectif qui offre une assistance et des alternatives aux acteurs concernés ».
La sobriété dans le cadre d’une solidarité effective.
l’avenir ne se prevoit pas, il se prépare !