Déroulement de la réunion du 17 décembre

A partir d’un jeu de cartes et du dialogue que suscite sa présentation en 5 étapes, le groupe va rentrer dans une démarche progressive de prise de conscience des mécanismes du réchauffement climatique et de réflexion sur les causes, effets et interactions multiples entre les facteurs discutés.

 La réunion est prévue en 3 temps distincts : 

1) Compréhension des changements globaux, dans leurs causes et conséquences. 

2) Réflexion par table pour approfondir la complexité des interactions, faire des liens, approcher la complexité des mécanismes du réchauffement,

3) Partage et enrichissement des apports en plénière : vision globale, thématiques à approfondir par des expertises sectorielles, bénéfices possibles au niveau individuel pour poursuivre sa réflexion ou réfléchir à son implication

 

1° temps : compréhension du phénomène de réchauffement climatique et de ses enjeux.

  • 1° lot de cartes : une approche des principales notions concernant le sujet du climat et de son évolution :
     Rôle de l’homme
     Nature et origine du carbone – CO²,
     Elévation du niveau de la mer,
     Effet de serre et évolution de la température de l’air et de la mer.

 

  • 2° lot de cartes : approfondissement des principales causes des GES (Gaz à Effet de Serre) , et surtout du carbone.
    Origine des émissions de GES au niveau mondial :
     Industrie 40%
     Transports 15% mais 25% en France
     Logement 20%
     Agriculture 25 % en intégrant les effets de la déforestation (liée au développement de cultures intensives qui amènent à brûler les bois pour libérer l’espace),

Concernant l’agriculture : Il faut noter que la part des activités agricoles est relative dans l’émission de CO².
Mais il ne faut pas négliger son effet direct dans la production de protoxyde d’azote (effluents, engrais) et surtout dans la production de méthane (élevages bovins et rizicultures).

  • Apparait ici la complexité du problème. Dans les pays en voie de développement, cette part de l’agriculture est nettement plus élevée car le secteur agricole représente une part de l’activité nettement supérieure que dans nos contrées. De plus, l’activité transport est moindre et représente donc relativement moins d’émissions. Dans les pays développés, il convient également de prendre en considération le mix énergétique : un jambon sortant de chez Herta émettra moins de CO2 que celui sortant de chez Tonnies (car Herta utilisera de l’énergie aux ¾ nucléaire alors que celle de
    Tonnies proviendra majoritairement du charbon). On ne peut donc comparer les pays entre eux sur une base commune).

 

  • Et effectivement, le méthane est sans conteste plus réchauffant que le CO2 (sur 100 ans, 25 fois plus et sur 20 ans 85 fois plus) mais il s’élimine aussi très rapidement (à partir de 12 ans).
    A cheptel constant, il n’y aurait donc plus de réchauffement lié au méthane. A l’inverse, une baisse de méthane engendrerait un moindre réchauffement (La Cop 26 vient d’estimer à -0.3 °C dans le cas d’une baisse de 30% des émissions d’un certain nombre de pays). Ne faudrait-il pas dès lors parler du pouvoir refroidissant du cheptel bovin ?
  • Des assurances seront demandées sur les méthodes de calcul pour valider cet effet. Il n’en reste pas moins que ce débat pose la question de la contribution de la façon de se nourrir face aux enjeux de la planète (sujet d’une rapide mais spectaculaire enquête des Echos du 2/11/2021).
    En particulier, face aux élevages de ruminants, le groupe se pose la question de la marge de manœuvre du secteur, comparativement aux autres (mobilité, logement, industries lourdes). Les échanges portent notamment sur notre capacité à revoir notre mode occidental d’alimentation au regard de l’évolution de la démographie mondiale et des aspirations fortes des populations des pays émergents à accéder à des protéines animales.

 

  • Sabine Roussel nous décrit précisément les interactions et limites d’absorption des puits de carbone naturels que forment les océans et la photosynthèse. La concentration en CO2 a quasiment doublé en 150 ans. Environ un quart du CO2 est capté par les océans entrainant une acidification des océans avec les effets désastreux sur les crustacées, coquillages et surtout sur la barrière de corail et l’ensemble des écosystèmes connexes aux récifs coralliens. Un autre quart du CO2 est capté par la végétation lors de la photosynthèse. Du coup, la moitié du CO² excédentaire reste dans l’atmosphère. Ce CO2 non capté entraine un effet de serre additionnel, avec pour conséquence une augmentation des températures de l’eau et de l’air, engendrant la fonte des glaciers, des calottes polaires et de la banquise.

     

    3° lot de cartes : approfondissement des interactions des phénomènes déclenchés par les mécanismes de réchauffement et conséquences pour la Planète.
    Les derniers lots de cartes sont distribués rapidement pour garder du temps pour les échanges et la synthèse. Les principaux points sur lesquels Sabine Roussel attire notre attention sont :Les notions de forçage radiatif,
    Les effets des hydrocarbures,
    Les effets des gaz aérosols,
    L’accélération de l’assimilation de l’énergie par le sol,
    La modification du jetstream dans la stratosphère,
    Les effets de l’augmentation des températures à la surface des océans et des terres sur les précipitations et les sécheresses,Vous retrouverez ces notions dans les cartes 14 à 34, correspondant aux lots 3 et 4 du jeu.

    Enfin, à travers les dernières cartes (lot 5) notre animatrice et experte, nous aidera très rapidement à faire des liens entre les phénomènes et leurs conséquences :

  • Rupture des chaines de biodiversité parmi les organismes marins ? Elle évoque la surpêche et les formes d’aquaculture intensive nécessitant des farines de poissons.
    Voit-on que les modifications des courants du Pacifique au large du Chili amènent un déplacement des flottilles industrielles chinoises vers les rivages de l’Afrique occidentale ? Et que la principale source de protéines animales des populations de cette partie de l’Afrique est en train de se tarir ?

 

  • La fonte des glaciers des chaines de montagnes de l’Asie a une incidence avérée sur le régime de la mousson des zones équatoriales : l’alimentation de 2 milliards de personnes est concernée par ce changement climatique.

 

  • La montée des conflits armées ne semble plus une éventualité quand Sabine énumère les conflits récents ou en cours qui ont tous pour origine la question de l’eau et du climat derrière des questions ethniques, religieuses ou nationalistes.

2° temps : Débriefing

Le sentiment général est bien sûr celui d’un vertige face à la complexité des phénomènes, à leur caractère inexorable et à l’urgence d’agir collectivement. Mais la prestation de Sabine Roussel est unanimement reconnue comme une aide inattendue pour « un vrai moment d’intelligence collective », pour prendre du recul et relier des masses d’informations disponibles mais éparses.

Les réactions à la table 1 : Les participants ont souligné :

  • L’agrément de la méthode des cartes pour apprivoiser le sujet, résumé de 3000 pages du
    rapport du GIEC,
  • Une aide à la réflexion organisée de façon agréable, pour un sujet difficile,
  • Le défi maintenant d’envisager des actions, d’imaginer un avenir pour les générations à suivre,
  • L’augmentation impressionnante de la courbe des GES : cela donne le sentiment de savoir faire jusqu’à un ou deux degrés d’augmentation mais aussi de ne pas être prêt pour faire face à une catastrophe annoncée avec 5 degrés en plus à l’horizon 2100.

    Les réactions à la table 2 :

  • Agrément de la méthode cause/effet au service d’un exercice réellement collectif
  • Enjeux des interconnections,
  • Comment traduire tous ces défis dans une feuille de route partagée ?
  • Comment tendre vers un équilibre malgré le sentiment de chaos qui domine ?
  • Quelles perspectives se donner en étant capables de s’extraire de la culpabilité et de s’assumer dans des équilibres instables ?
  • Quel futur désirable peut-on dessiner en veillant à rester dans une attitude positive ?

    Les réactions à la table 3 

  • Difficile de faire face à une telle complexité : comment aller plus loin que les constats teintés d’impuissance ?
  • Le défi de rendre compatible la maitrise du réchauffement avec une démographie qui continue à augmenter. Des méthodes radicales sur les naissances ou sur les décès ou sur les modes de consommation ?
  • La découverte de l’importance de la mer dans la problématique du climat,
  • La difficulté d’entrevoir des solutions individuelles face à un problème aussi vaste,
  • L’enjeu de la vitesse de réaction collective face à la lenteur des prises de conscience et des décisions,
  • La nécessité impérieuse de s’entendre sur des méthodes de calcul sectoriel pour ne pas désigner de boucs émissaires,
  • L’urgence de l’action à mener ne nous laisse pas d’opportunité de « Try and error ». D’où l’importance d’avoir une vision scientifique du problème partagée par tous. Le rapport du GIEC n’est que la partie 1 (constat), la partie 2 (prévue en février) nous donnera les impacts et la partie 3 (été 2022), les solutions.

Conclusion 

Sabine Roussel va conclure en insistant sur la nécessité de se trouver des réponses individuelles, de
rechercher des pistes de solutions ou contributions car il n’y a rien de plus anxiogène que de rester
passif face au danger, à l’incertitude. Elle nous proposera quelques voies possibles :